L'effet des acouphènes dans le film

Dans un film narratif à la première personne, une explosion s'est produite. Visuellement sur l'écran, vous pouvez voir un tas de débris, des bouffées de fumée, des éclairs lumineux. Mais quelque chose d'inhabituel se produit sur la piste audio. Soudain, un silence complet s'ensuit, à travers lequel le bruit commence progressivement à apparaître: les cris des gens, les coups de feu et autres explosions. Le bruit est amplifié, l'écran peut ralentir. Pendant plusieurs secondes de silence de mort, une sonnerie, un sifflement et un bourdonnement à haute fréquence se font entendre. Enfin, des secondes atroces révèlent le traumatisme du personnage. Il retrouve ses émotions, rassemble ses forces et continue d'agir.

Le cinéma existe depuis plus de cent ans. Mais cette technique de création de traumatismes audio s'est répandue relativement récemment - au début de ce siècle. Pourquoi?

Théorie


L'effet représenté n'est pas une fiction. Les armes et plus encore l'explosion d'une bombe est un processus très médiatisé. La protection auditive n'existe pas pour la beauté. Exposé au bruit d'un coup (environ 140 décibels) risque de perdre une partie de l'audition. Ça fait aussi mal. Presque tous les tireurs portent des prises et les amateurs d'armes dépensent souvent beaucoup d'argent pour protéger leurs oreilles. Pour les soldats professionnels et les vétérans d'un emploi de haut niveau, la perte auditive est courante.


La scène de l'explosion dans un café, «Child of Man»

De nombreuses œuvres culturelles ne veulent pas s'attarder sur l'image de personnages réalistes. Ils recourent aux images, leur donnant souvent trop de pouvoir. Les héros du film d'action - peu importe qu'il s'agisse d'un film ou d'un jeu vidéo - sautent, sont suspendus avec des armes, tirent magnifiquement, et ils évitent eux-mêmes d'être touchés par les balles ennemies ou subissent les tirs de l'adversaire. Et c'est normal: le spectateur ou le joueur veut quelque chose comme ça. Bien sûr, les commandos ne portent jamais de protection auditive. Si quelqu'un se couvre les oreilles, ce sont des personnages faibles ou lâches ou des femmes. Les vrais tympans machos ont au moins des membranes en acier.

D'autres paramètres suggèrent le réalisme. En eux, les personnages ont de faibles corps d'os et de viande, et de là des personnages plus intéressants. Dans un tel film, des blessures auditives se produisent.

Les acouphènes sont une illusion de bourdonnement dans les oreilles, un son qui n'existe pas. Le plus souvent, ce son est une sonnerie haute fréquence. Le bruit peut provenir de diverses raisons, des infections aux problèmes cérébraux. Les acouphènes chroniques se développent souvent à partir de bruits forts. L'héroïne du film " Child of Man " pose un diagnostic très poétique : c'est le chant du cygne des cellules mourantes de l'oreille. À la fin, n'entendez plus jamais cette fréquence. Par conséquent, il vaut mieux profiter de la sonnerie pendant qu'elle est.

Il est difficile d'attendre une bonne leçon d'otologie d'un long métrage. Le véritable mécanisme de sonnerie n'est pas si beau et il fonctionne différemment. Les cellules ciliées de la cochlée de l'oreille perdent la capacité d'entendre immédiatement. L'effet vient de l'adaptation à la perte. Le cerveau entend non seulement pire, mais compenseperte de la capacité d'entendre, qui se traduit par une sonnerie constante. Les visiteurs de concerts et d'événements musicaux de haut niveau perdent non seulement leur audition, mais acquièrent également ce sifflet. Pour le reste de leur vie, ils se souviennent avec nostalgie des jours où le silence pouvait être entendu. Le sifflet passe jour et nuit, sans s'arrêter.

Au cinéma


Dans les films, la sonnerie ne se fait pas constamment. Il est extrêmement rare qu'elle dure une minute ou plus. Le sifflement commence après une explosion ou un coup de feu près de l'oreille, mais s'apaise. Bien que les acouphènes proviennent également d'autres maladies et troubles de l'aide auditive, dans les films, c'est principalement un symptôme de traumatisme. Que permet cet effet en plus de démontrer la vulnérabilité de l'aide auditive?

Ici, nous devons rappeler les tours classiques du noir dans lesquels la narration est conduite à la première personne. Dans les coulisses se trouve la voix du personnage principal. Parfois, la voix de quelqu'un d'autre retentit. Cependant, toute voix est toujours un étranger, même un monologue interne. Même la voix que nous pensons est étrangère, car en fait nous ne la contrôlons pas. Une vraie personne n'est qu'un écouteur de la voix de quelqu'un d'autre dans sa tête.



Mais le monologue intérieur peut s'arrêter. Il y a un vide complet. Bien sûr, elle sonne. L'effet acouphène est un chant de neurones dans notre cerveau. Elle montre la matérialité effrayante de la structure de conscience du personnage principal. Un monologue interne est un récit à la première personne. Les acouphènes sont un niveau inférieur dans la conscience du héros, c'est le son vide de son cerveau, le hurlement de la composante inconsciente de son esprit.

C'est pourquoi l'effet de sonnerie dépasse parfois les frontières des militants et se retrouve dans le drame. Par exemple, il peut être trouvé dans la première série de Breaking Bad / Breaking Bad, lorsque le personnage central essaie de se réconcilier avec la pensée d'un cancer qui ne peut pas être opéré dans ses propres poumons.

En passant une série de batailles et en voyant la mort de vos propres yeux, il acquiert un regard flou inhabituel et détaché, qui s'appelle un regard à mille mètres. Les acouphènes sont une version audio des traumatismes de combat et des troubles de stress post-traumatique.

Distribution


L'effet n'a gagné une distribution spéciale qu'au cours de la dernière décennie. Mac Hagud a dirigé la distribution par année. La sonnerie a été vue dans la comédie de 1970 The Out-of-Towners , mais les oreilles du spectateur ont connu la paix du grincement pendant encore trois décennies après. Les exceptions sont rares. Un exemple classique est Go and See par Elem Klimov. Un film silencieux joue intentionnellement des sons forts. Les acouphènes sont l'une des blessures les moins graves auxquelles Fleur sera confrontée. Le plus souvent, le film de 1998 «Saving Private Ryan» est appelé le premier exemple d'acouphène au cinéma, même si aux États-Unis le premier effet en 1997 a été maîtrisé par « Police





". Ce n'est qu'en 2003 que la sonnerie a été mise en service. Un passionné de cinéma dans les oreilles a commencé à siffler au moins deux à trois fois par an.

Composante technique


Les acouphènes sont une sensation subjective. Il est impossible de mesurer la sonnerie illusoire dans les oreilles des autres. Vous ne pouvez créer qu'un semblant qui reflétera une véritable blessure auditive. Aujourd'hui, la mise en œuvre de l'effet ne pose pas de question: c'est un filtre passe-bas pour d'autres sons et une sinusoïde dans la région, par exemple, de trois kilohertz. Le premier noie le bruit de fond, comme si la personne était stupéfaite. Le second tout au long de l'effet est l'acouphène. Les implémentations spécifiques varient, le principe général reste le même. Robert Walker dans Réverbérations: la philosophie, l'esthétique et la politique du bruit



fait valoir que l'obstacle à l'apparition d'acouphènes dans le film était la composante technique. Il dit que ce n'est qu'avec l'extension de la réduction du bruit Dolby au milieu des années 70 qu'il a été possible d'ajouter une telle fréquence. Avant cela, l'égalisation de l'Académie Surveillait était courante, ce qui coupait les fréquences supérieures à 5-8 kilohertz. Par conséquent, les téléspectateurs ne pouvaient pas distinguer les acouphènes des systèmes audio de mauvaise qualité.

Mac Hagud le nie. Après tout, dans les "Newcomers" de 1970, il y avait un anneau: il s'agissait de deux fréquences de 1,6 et 2,3 kHz. Comme Hagud l'a montré dans le spectrogramme ci-dessus, dans le film "Child of Man" de 2006 dans la scène avec des acouphènes à 8 kHz, il y a une faible activité, mais la fréquence principale est de l'ordre de 3,9 kHz. Cela aurait pu être réalisé avant les années 70, mais avec des pertes insignifiantes.



Soit la sonnerie de l'attentat terroriste du 11 septembre 2001 et la guerre d'Irak qui s'en est suivie, soit de nouvelles capacités techniques ont cimenté les acouphènes dans l'arsenal du cinéma. De là, il a migré vers les jeux vidéo: Half-Life 2, Call of Duty 2, Saints Row 2, Battlefield 2, Fallout 3 et d'autres tireurs essayant de décrire la perte d'audition à court terme. Habituellement, cela se fait selon la même formule «cinéma».

Mais la sonnerie est aussi un outil pour démontrer la fragilité de l'esprit humain. Parfois, les auteurs visent à souligner la vulnérabilité intérieure du personnage principal. Un héros du milieu du siècle dernier s'appuierait sur ces monologues internes accrocheurs. Aujourd'hui, au cinéma, ils recourent de plus en plus au silence retentissant du traumatisme acoustique.

Source: https://habr.com/ru/post/fr393729/


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