Le créateur de Craigslist finance: un site contre les fausses nouvelles, la discrimination et les excès des géants de l'Internet

Site d'actualités pour la recherche de grandes technologies avec l'aide du fondateur Craigslist

Le Markup, dédié à la recherche sur la technologie et son impact sur la société, sera dirigé par deux anciens journalistes de ProPublica. Craig Newmark a alloué 20 millions de dollars pour aider à financer ce projet.



Sur la photo: De gauche à droite: Sue Gardner, PDG de Markup, Jeff Larson, rédacteur en chef et Julia Angwin, rédactrice en chef.

Lorsque Julia Angwin, journaliste scientifique, a travaillé pour ProPublica, une organisation de presse à but non lucratif est devenue connue comme «le pire chien de garde technologique».

En collaboration avec des programmeurs et des experts en traitement et analyse de données, Mme Angwin a commencé à travailler sur l'étude d'algorithmes de grande technologie - des codes secrets qui ont un impact énorme sur la vie quotidienne en Amérique. Ses résultats mettent en lumière la façon dont des entreprises telles que Facebook créent des outils qui peuvent être utilisés pour promouvoir les préjugés raciaux, les stratagèmes frauduleux et le contenu extrémiste.

Avec un cadeau de 20 millions de dollars de Craig Newmark, elle et son partenaire ProPublica, le journaliste de données Jeff Larson, créent The Markup , un site d'actualités dédié à la recherche sur la technologie et son impact sur la société. Sue Gardner, l'ancienne directrice de la Wikipédia Foundation pour Wikipédia, deviendra la directrice exécutive de Markup. Mme Angwin et M. Larson ont déclaré qu'ils avaient embauché deux douzaines de journalistes pour leur bureau de New York et que des articles commenceraient à apparaître sur le site Web au début de 2019. Le groupe a également recueilli 2 millions de dollars auprès de la Fondation John S. et James L. Knight et 1 million de dollars auprès de la Fondation Ford, de la Fondation Markhart et de l'Initiative d'éthique et de gouvernance de l'intelligence artificielle.

Mme Angwin compare la technologie aux conserves, une innovation qui a mis un certain temps à être traitée avec une grande attention.

"Lorsque la nourriture en conserve est apparue, c'était incroyable", a déclaré Mme Angwin, qui sera la rédactrice en chef du site. «Vous pourriez avoir des pêches quand ce n'était pas la saison. Il y a eu une période entière en Amérique où chaque recette demandait de la soupe en conserve. Les gens sont fous de la nourriture en conserve. Et après 30 ans, 40 ans, ils sont: "Hmm, attendez une minute."

"C'est ce qui s'est produit avec la technologie", a déclaré Mme Angwin, qualifiant les élections de 2016 de tournant décisif. "Et je suis tellement content que nous nous soyons tous réveillés."

Le site couvrira trois grandes catégories de recherche:

• comment les logiciels de profilage discriminent les pauvres et les autres groupes vulnérables;
• La santé d'Internet et ses infections, telles que les robots, la fraude et la désinformation;
• l'incroyable puissance des sociétés de technologie de l'information.

Le balisage publiera toutes ses histoires sous une licence Creative Commons afin que d'autres organisations puissent les republier, comme le fait ProPublica .

Mme Angwin, qui faisait partie de l'équipe du Wall Street Journal qui a remporté le prix Pulitzer en 2003 pour avoir dénoncé la corruption des entreprises, a déclaré que le comité de rédaction serait guidé par la méthode scientifique et que chaque histoire commencerait par une hypothèse. Par exemple: Facebook autorise les annonces immobilières racistes. Chez ProPublica, l'équipe de Mme Angwin a acheté une annonce sur le site et a confirmé son hypothèse .

Au Markup, les journalistes travailleront avec un programmeur à partir du moment où l'histoire est créée jusqu'à la fin.

«Pour rechercher de la technologie, vous devez comprendre la technologie», a déclaré Mme Angwin, 47 ans. "Tout comme j'ai obtenu une maîtrise en économie de la gestion en tant que journaliste d'affaires, je pense que les professionnels de la technologie devraient être impliqués dès le tout début de la recherche technique."

Mme Angwin connaissait M. Newmark depuis 1997, lorsqu'elle a écrit à son sujet en tant que journaliste pour le San Francisco Chronicle.

"Craig est parfait pour nous parce qu'il n'a aucun intérêt ni aucune disposition à tenter d'interférer dans le reportage", a-t-elle déclaré.

M. Newmark, déchiré entre San Francisco et New York, est resté dans l'ombre pendant de nombreuses années. Mais il s'inquiète de constater un manque d'introspection chez les ingénieurs.



M. Larson, Mme Angwin et Mme Gardner au travail à New York. Brian Derbull pour le New York Times.

"Parfois, un ingénieur a besoin de temps pour comprendre que nous avons besoin d'aide, puis nous obtenons cette aide, et nous pouvons faire beaucoup mieux", a déclaré M. Newmark. «Nous avons besoin d'aide que seules la recherche journalistique et l'exploration de données peuvent fournir.»

Craigslist, fondée par M. Newmark au milieu des années 90, a contribué à détruire la principale source de revenus des journaux imprimés à l'époque grâce à une bande de petites annonces. Il a récemment fait plusieurs dons importants à des institutions journalistiques, dont 20 millions de dollars de la CUNY Graduate School of Journalism .

"Nous sommes maintenant dans une guerre de l'information", a déclaré M. Newmark.

Pendant de nombreuses années, le succès stupéfiant des entreprises de la Silicon Valley et des groupes de relations publiques gagnants qui ont travaillé pour eux ont forcé de nombreux journalistes à abandonner leur mandat avant la date prévue.

Les effets sociaux de la technologie étaient mal quantifiés et la responsabilité morale se transformait souvent en quelque chose appelé un algorithme que la plupart des gens ne pouvaient pas expliquer ou étudier. Même si, comme dans le cas de Facebook, cela a touché environ 2,5 milliards de personnes .

Chez ProPublica, Mme Angwin et M. Larson ont complètement détruit le modèle traditionnel de reporting technologique. Ils ne sont pas intéressés par l'accessibilité. Avec les bons outils, ils pourraient étudier l'impact.

«Il y a une opportunité pour plus de journalistes d'utiliser des statistiques pour identifier le préjudice public», a déclaré M. Larson, qui est impliqué dans le journalisme de données depuis dix ans. "Et puis le cadeau de Julia arrive - elle est engagée dans le journalisme de données, mais ne la transforme pas en un rapport académique."

Certaines des tactiques de signalement de Mme Angwin et de M. Larson peuvent enfreindre les conditions d'utilisation des plateformes techniques qui interdisent aux gens de collecter automatiquement des informations publiques et les empêchent de créer des comptes de recherche temporaires. Mme Angwin était un ardent défenseur de cette pratique et a fait valoir que les entreprises technologiques devraient permettre aux journalistes d'être une exception à la règle.

«Sans enfreindre ces règles, les journalistes ne peuvent pas enquêter sur notre plateforme la plus importante pour les commentaires du public», a écrit Mme Angwin en août .

Les deux ont travaillé ensemble pour enquêter sur le logiciel de détermination de la peine, ce qui a pris un an. Mme Angwin rapportait et écrivait. M. Larson a mesuré et analysé. En fin de compte, ils ont prouvé que l' algorithme était biaisé racialement .

M. Larson, qui sera le rédacteur en chef de Markup, a déclaré que le résultat pour ceux qui ont étudié le biais de l'algorithme s'est avéré aussi inattendu pour eux que pour les lecteurs.

"De plus en plus, les algorithmes sont utilisés comme un moyen facile de se décharger de ses responsabilités", a déclaré M. Larson, 36 ans. "Nous n'avons pas suffisamment de personnes pour prendre en compte les décisions de libération conditionnelle, nous allons donc les transférer sur l'ordinateur et l'ordinateur prendra à son tour ces décisions, et dès leur entrée en production, il n'y aura aucun contrôle sur cette procédure"

Ils ont également montré comment les grandes entreprises technologiques aident les sites extrémistes à gagner de l'argent , comment les Afro-Américains paient trop pour l'assurance automobile et comment Facebook a autorisé les publicités politiques, qui étaient en fait des escroqueries et des logiciels malveillants .

«Il y a des conséquences imprévues», a déclaré M. Larson. «Dans les trois cas, cela a été une grande surprise pour les personnes qui ont participé à la création de ces algorithmes.»

Les ingénieurs qui s'interrogent sur les outils qu'ils ont créés font partie du problème, selon l'équipe Markup.

"Une partie de l'intention de The Markup est d'améliorer notre compréhension de la technologie et de ses implications, nous bénéficierons tous d'une compréhension plus large", a déclaré Mme Gardner. «Et j'inclurais des personnes qui travaillent pour l'entreprise dans ce processus.»

Mme Angwin a déclaré qu'une partie de son objectif était d'aider les lecteurs à comprendre ce dont ils devaient s'inquiéter en matière de technologie.

«Nous sommes tous un peu incertains», a déclaré Mme Angwin. «Il n'y a aucune preuve. Je veux fournir des preuves. "

Elle espère que les histoires qu'ils raconteront mèneront à de meilleures politiques gouvernementales et d'entreprise.

«Nous sommes une société de données axée sur les données», a déclaré Mme Angwin. "Ces jours-ci, c'est le prix de laisser le changement politique dans nos vies - un ensemble de données."

Et lors de la recherche de ces informations, Mme Angwin a déclaré qu'elle ne craignait pas que Facebook ou Google réponde à ses appels téléphoniques.

"Je ne suis jamais allée sur Google ou Facebook, et je pense qu'ils ne m'inviteront jamais", a-t-elle déclaré. "Je suis comme un scientifique fou qui prend des mesures de diverses choses."

Traduction: Diana Sheremyova

---