En tant que designer, je refuse d'appeler les gens «utilisateurs»

Dans un domaine qui touche tant de vies, une terminologie précise est essentielle

Je suis designer UX et j'organise l'interaction avec les utilisateurs depuis plus de cinq ans. Et à partir de ce moment, je vais supprimer le mot "utilisateur" et ses termes associés: "UX", "expérience utilisateur", etc. de mon vocabulaire. Cela ne se fera pas tout de suite. Au début, j'essaierai de ne pas utiliser ces mots dans les conversations au travail. Je les supprimerai de mon profil LinkedIn . Lors de bavardages profanes, j'apprendrai à décrire mon travail en d'autres termes. Je vais expérimenter et chercher d'autres termes plus précis.

Jusqu'à présent, je n'ai pas de bonnes alternatives, mais je suis sûr qu'elles seront trouvées. Je vois cela comme une tâche intéressante. Les termes enracinés avec le mot «utilisateur» sont partout dans l'industrie technologique aujourd'hui, mais ils ne reflètent plus mes valeurs et mon approche de la conception et de la technologie en général. Il me reste donc soit à utiliser des définitions contraires à ma vision, soit à commencer la recherche de nouveaux moyens expressifs. Et je choisis ce dernier.

Dans la conception des produits, les mots «utilisateur» et dérivés ont déterminé la base de la relation entre les personnes et la technologie: la première utilisation, la dernière utilisation.

Mais réduire une personne à un utilisateur, nous la privons de complexité, laissons le seul type de comportement et soutenons en fait l'idée de personnes comme des robots dont le seul but est d'utiliser un produit ou une fonction. Ce qui, bien sûr, ne contribue pas au développement de technologies éthiques. Si un aspect aussi étroit et plat reste la pierre angulaire de notre industrie, je crains que nous ne réussissions pas beaucoup à développer un design qui satisfasse les besoins urgents d'un monde en mutation.

Traduit en Alconost

Les termes qui sont enracinés dans «utiliser» et «utilisateurs», je considère contraire à l'éthique, obsolète

Les relations décrites par ces mots ne reflètent plus la réalité. Il était une fois, la ligne entre l'opérateur et la machine était beaucoup plus nette - aujourd'hui, elle est floue. Oui, lorsque vous ouvrez l'application sur votre téléphone, vous avez l'intention de l'utiliser, mais ces dernières années, nous avons appris à comprendre que l'application nous utilise. Les événements désagréables qui ont touché Facebook et d'autres sociétés de haute technologie ont clairement montré qu'une telle utilisation est mutuelle.

Autrement dit, «l'utilisation» est le fruit d'une ère plus optimiste et naïve. Je considère les termes pertinents obsolètes et contraires à l'éthique, je doute donc qu'ils contribueront à améliorer les technologies dans la direction dont nous avons besoin.

Le terme "organisation de l'interaction utilisateur" (Eng. "UX design") a commencé sa marche triomphale en 2009. Je crois que nous devons vérifier régulièrement la pertinence et l'exactitude de la terminologie utilisée - seulement cela évitera le flou excessif des termes et le changement de sens de la définition. Nous n'avons attaché aucune importance à cela, et en conséquence, de nombreux termes d '"utilisation" ont commencé à signifier que ce n'était pas clair.


Le terme «UX design» a commencé à augmenter dans les tendances depuis 2009. Capture d'écran de Google Trends

Dans une lettre de l'Assemblée générale, qui traite de la formation dans les professions concernées, le terme «organiser les interactions avec les utilisateurs» a été défini comme un moyen de «créer des produits et des interactions qui résolvent les problèmes des clients» afin que «les marques puissent garder ces clients».

Il s'avère que l'interaction avec l'utilisateur est une telle solution à la tâche du client, dans laquelle il reviendra «en supplément»? Il s'agit d'une définition étroite et plutôt unilatérale des possibilités d'une bonne conception. Il est désagréable qu'il soit utilisé dans une lettre conçue pour annoncer aux étudiants un programme éducatif qui promet une carrière réussie dans la technologie.


Extrait d'une lettre de l'Assemblée générale sur l'engagement et la conception des utilisateurs. Capture d'écran - Adam Lefton

Quand je pense à ma profession, aux utilisateurs et à l'interaction avec lui, la première chose qui me vient à l'esprit est la convivialité ... et les pages Web statiques. Avant l' Internet des objets, travailler sur l'interaction avec les utilisateurs signifiait travailler sur la façon dont un visiteur interagit avec des sites Web simples et recherche des informations à leur sujet.

L'année est 2019, et maintenant les choses sont beaucoup plus compliquées. Divers appareils sont devenus les agents de nombreuses interactions et l'utilisation à grande échelle des nouvelles technologies a entraîné des conséquences imprévues dans les sphères sociales, politiques et émotionnelles de nos vies.

Si nous utilisons quelque chose, ce n'est pas nécessairement quelque chose de bien. Peut-être que lorsque les sites Web étaient des référentiels d'informations relativement simples, c'était un indicateur plutôt pratique des avantages, mais dans un monde où nous ressentons une charge croissante en raison de l'utilisation des appareils et de leur dépendance, où les technologies les plus répandues se sont retournées contre nous, elles ne sont plus il semble possible de considérer quelque chose d'aussi primitif que «utiliser» comme une mesure de réussite - c'est une barre trop basse.

Dans le monde du design, l'utilisateur se tient sur un piédestal: nous valorisons les utilisateurs et prenons soin d'eux. Nous voulons qu'ils se sentent bien, alors tout commence à tourner autour de «l'utilisateur» - et ce terme finit par devenir synonyme du mot «homme». Nous sommes embauchés par des entreprises qui travaillent à l'organisation des interactions avec les utilisateurs, nous nous appelons concepteurs UX, nous décomposons les tâches de développement en « user stories ».

On s'en soucie vraiment? Si nous utilisons constamment des mots à l'égard de personnes qui indiquent manifestement des relations qui, de notre propre aveu, ne fonctionnent bien que lorsque ces personnes doivent nous contacter encore et encore , parfois au détriment d' elles-mêmes, cela peut-il être considéré comme une préoccupation? Il s'agit d'une contradiction grave, et il est donc nécessaire d'examiner de plus près la signification de ces termes.

En disant "utilisateur", nous supprimons les circonstances de la vie de l'équation ... détruisons le contexte et réduisons la personne à une seule action

En dehors de l'industrie technologique, le mot «utilisateur» avait toujours d'autres teintes, beaucoup moins agréables. Par exemple, si les avocats appellent une personne toxicomane, cela ne revient pas du tout à dire que quelqu'un a un problème de drogue. Par «utilisateur», nous voulons dire qu'une part importante de la responsabilité de la toxicomanie incombe à la personne qui en est devenue la victime. Cette formulation suggère que l'usage est un acte volontaire - c'est-à-dire que l'action est sous le contrôle total d'une personne - quand on sait que la toxicomanie est complètement différente, elle peut être le résultat de circonstances complexes, y compris la situation socio-économique et mentale condition. En disant «utilisateur», nous supprimons de l'équation les circonstances de la vie d'une personne, les facteurs qui influencent ses actions, tout son passé - nous détruisons le contexte et réduisons la personnalité à une seule action.

Imaginez un monde dans lequel tout le monde agit de cette manière - comme si c'était la base solide des technologies que des milliards de personnes s'attendent à les aider à faire face à la vie quotidienne et à améliorer le monde qui les entoure. Mais c'est dans un tel monde que nous vivons maintenant.

Avant moi, ils ont écrit avec beaucoup d'éloquence que le design devrait cesser de se concentrer sur la façon dont les produits en cours de développement fonctionnent avec l'utilisateur dans des circonstances isolées, et commencer à prendre en compte la façon dont les innovations peuvent et doivent fonctionner au niveau de la société. Il est peu probable que nous comprenions aujourd'hui à quoi cela ressemble dans la pratique, et, bien sûr, nous n'avons pas vu l'application de cette approche à grande échelle, mais je sais une chose: "utiliser" ne nous mènera nulle part, et les termes correspondants ne sont absolument pas inspirants.

La terminologie de «l'utilisation» règne en maître dans mon travail, mais sans elle je suis toujours à la fois designer et écrivain. Sans eux, je sais toujours comment résoudre les problèmes et réfléchir. Et je reste la personne qui veut créer et bénéficier aux autres. Quoi qu'il en soit, il me semble que changer le vocabulaire m'aidera, en tant que professionnel, à devenir meilleur.

Ayant abandonné les termes "utilisateur", je peux commencer à travailler dur pour réviser mes propres idées sur le design. J'attends certainement des discussions difficiles. Je peux commencer à développer des cadres qui vont au-delà de «l'utilisation» et visent des indicateurs de réussite plus significatifs, tels que la productivité, le bonheur et le bien-être. Je peux commencer à m'améliorer.

Et j'espère que cela dépend de nous tous.

À propos du traducteur

L'article a été traduit par Alconost.

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