La désactivation des services technologiques géants tels que Gmail, les cartes et Chrome vous offre certains avantages en matière de confidentialité, mais ce n'est pas facile
Dans la petite ville de Newberry, en Caroline du Sud, il est très difficile de trouver du muesli Bob's Red Mill. Et c'est un problème pour le résident local Gregory Kelly, qui les adore tout simplement. Il ne veut pas parcourir 60 km jusqu'à Columbia pour les acheter, mais il ne veut pas les acheter via le site Web de l'entreprise, qui, selon lui, regorge de programmes de suivi de Google.
Et comme il accorde la priorité à sa confidentialité, Kelly, à contrecœur, se rend régulièrement à Columbia - tout est mieux que de soumettre vos données à Google ou de divulguer l'historique des achats à un autre vendeur en ligne. «Je n'arrive tout simplement pas à comprendre pourquoi Google a besoin de savoir quelles céréales je mange pour le petit-déjeuner», explique le citoyen de 51 ans.
Kelly est l'une de ces personnes qui font tout pour protéger leurs fichiers et leur vie en ligne contre les fouines ennuyeuses: ils ont complètement abandonné Google. Et cela signifie s'abstenir des services les plus populaires du réseau: Gmail, la recherche, les cartes, le navigateur Chrome, le système d'exploitation mobile Android et même YouTube.
De tels anti-googleurs incitent des amis et des parents à refuser les services de recherche et de publicité en titane, et certains annoncent cette idée sur les réseaux sociaux. Des instructions en ligne semblent aider les consommateurs à se détacher de Google.
Ces courageux internautes disent qu'ils feraient mieux de supporter les inconvénients que de partager leurs données. Cela signifie configurer des réponses automatiques à Gmail et inviter des amis à renvoyer des fichiers ou des liens vers des vidéos afin qu'il ne nécessite pas d'interaction avec Google. De plus, cela requiert une discipline sérieuse.
Des gens comme Kelly essaient de gêner Google et d'autres géants de la technologie, principalement en raison de l'inquiétude croissante suscitée par la collecte massive de données. L'un après l'autre, les scandales entourant la façon dont ces entreprises collectent et utilisent les données des consommateurs ont incité de nombreuses personnes à réfléchir à ce qu'elles avaient sacrifié pour la personnalisation et la publicité ciblée. Par exemple, dans une étude réalisée en juin par le Washington Post, il a été découvert qu'en seulement une semaine d'utilisation du Web via le navigateur Chrome, l'utilisateur avait reçu 11 000 demandes de cookies à suivre.
En conséquence, de plus en plus de consommateurs prennent des mesures pour reprendre le contrôle de leurs données personnelles, par exemple en supprimant Facebook et son application de partage de photos Instagram. Selon Kantar ShopperScape, environ 15% des ménages américains n'achètent jamais sur Amazon. Certains assistants vocaux Amazon Echo et Google sont allés à la poubelle. Certains consommateurs enregistrent des photos et autres documents personnels sur des disques durs externes plutôt que sur Google ou les clouds Apple.
Certaines marques se joignent à la nouvelle tendance, annonçant ce qu'elles appellent des pratiques de confidentialité supérieures. Au CES 2019, une promesse d'Apple "Tout ce qui se passe sur votre iPhone reste sur votre iPhone" a été publiée sur un panneau d'affichage au-dessus de Las Vegas, bien que de nombreuses applications drainent les données des téléphones et suivent les utilisateurs. Le nombre de demandes adressées à DuckDuckGo, un moteur de recherche axé sur la confidentialité, est passé à 42,4 millions, contre 23,5 millions l'année dernière - bien que cela ne représente encore qu'une petite fraction du nombre de demandes adressées à Google.
Au cours des derniers mois, Jim Lanz de Spokane. Washington supprime systématiquement les produits Google de sa vie en ligne, étonné de la façon dont une entreprise de la Silicon Valley collecte et distribue les données des utilisateurs. Il lit également de longs accords de confidentialité et étudie les pages légales des sites Internet. "Il est assez difficile de comprendre ce qu'ils possèdent", a déclaré le directeur des ventes en gros. "Je ne veux pas vendre chaque morceau de moi-même sur Google", a-t-il déclaré. "Au moins, je peux compliquer leur tâche."
En mai, Google a introduit de nouvelles fonctionnalités qui, selon lui, aideraient les utilisateurs à protéger leurs données, y compris le stockage d'un plus grand pourcentage de données sur des appareils personnels au lieu du stockage dans le cloud, et donnant aux utilisateurs plus de contrôle sur la façon et le moment où les cookies sont utilisés pour le suivi. Le géant de la recherche sur le Web offre des moyens d'effacer définitivement les données, y compris l'historique de recherche et les emplacements.
Il n'y avait pas de données accessibles au public sur le nombre d'utilisateurs pouvant se retirer de Google, et la société ne fournit pas d'informations sur le nombre de personnes qui ont désinstallé leurs applications. "Nous voulons aider les gens à comprendre et à contrôler leurs données, même s'ils veulent abandonner Google", a déclaré le porte-parole de l'entreprise, Aaron Stein. Il a souligné que Google dispose d'un service de téléchargement d'informations stockées dans l'entreprise afin de les utiliser ailleurs.
Joshua Greenbaum de Berkeley dit qu'il paie 100 $ par an pour l'utilisation du logiciel Microsoft Office 365, qui, dit-il, est meilleur que Google pour protéger sa vie privée. "Chez Google, je donne plus que je ne reçois", a déclaré le consultant en technologie de 61 ans, qui avait commencé à supprimer progressivement les services Google il y a quelques années lorsque les annonces ont commencé à apparaître dans son courrier Gmail.
"Gmail aide l'entreprise à recevoir vos e-mails, Android - l'emplacement et l'utilisation des applications en temps réel, Maps - plus de données de localisation, Google Wallet - pour rechercher des informations financières, Google Docs - historique personnel et professionnel, Chrome - historique en ligne, votre emplacement, - dit Greenbaum. «Et je me suis demandé à quelles autres données ils pouvaient accéder.»
C'est à cause de toutes ces données sur les consommateurs que Google a été mis à l'honneur par le ministère américain de la Justice, qui, cette année, a pris les premières mesures pour une éventuelle enquête antitrust, selon Post. La Maison Blanche prépare sa propre enquête pour étudier Google et Facebook au milieu des commentaires de Trump selon lesquels le gouvernement devrait les «poursuivre».
Les utilisateurs disent qu'il est difficile d'abandonner complètement Google. Greenbaum maintient toujours un compte Gmail "spam", comme il le dit, et pense que s'il veut regarder des vidéos en ligne, il ne pourra pas se débarrasser de YouTube.
Pour lui, "des améliorations sont principalement intervenues dans le domaine de l'autosatisfaction", a-t-il déclaré.
Mais pour Janet Vertesy, professeur de sociologie à l'Université de Princeton qui évite Google dans sa vie personnelle depuis 2012, ce n'est pas le cas. Elle a déclaré qu'il s'agissait de contrôler ses données personnelles, que Google diffuse automatiquement à tous ses biens en ligne. Par exemple, les données collectées dans Gmail sont transférées sur des cartes, utilisées ou non par un utilisateur de Google Maps.
«Je veux savoir où vont mes données», a déclaré Vertesi. Parfois, cela se traduit par des demandes de désactivation de leurs assistants vocaux ou d'envoi de documents dans un format non lié à Google Docs.
Google et d'autres entreprises technologiques affirment que ces données aident à créer des publicités plus ciblées et donnent accès à des services qui ne seraient pas gratuits, tels que le stockage des e-mails ou des photos.
Cette année, la Commission européenne a infligé une amende de 1,7 milliard de dollars à Google pour avoir prétendument empêché ses concurrents de travailler avec d'autres sociétés ayant conclu des accords avec Google.